Le blog Santé-Environnement
dimanche, 10 mai 2020 10:52

Le Haut conseil pour le climat prend position pour ce qu'il appelle la "relance" verte
Un rapport intitulé "Climat, santé : mieux prévenir, mieux guérir" qui pouvait faire penser à autre chose

Dans ce rapport, le HCC donne son avis sur la dynamique à enclencher après la sortie de la crise du Covid-19, selon lui :

Il est essentiel de placer les enjeux climatiques au cœur des plans post crise du COVID-19. La reconstruction économique et sociale devra notamment réduire nos vulnérabilités, privilégier la décarbonation et transformer plutôt que de sauvegarder à tout prix. Les mesures budgétaires et fiscales devront être subordonnées à des perspectives compatibles avec la transition bas-carbone, s’éloigner des énergies fossiles et favoriser des approches innovantes des déficits et dettes publiques, et privilégier les secteurs structurants et porteurs d’emplois en lien avec une transition bas-carbone juste.

 

  Dans son rapport, le Haut conseil pour le climat* suggère 18 recommandations rassemblées sous 5 grands titres qui veulent "soutenir une sortie de crise qui nous reconstruira plus résilients face à l’avenir". Selon les auteurs, la crise du COVID-19 souligne le besoin urgent de réduire les risques de catastrophes sanitaires et climatiques. Contrairement à ce que suggère le titre il ne s'agit pas d'aborder la prévention des problèmes de santé liés au changement climatique.

 

Pourquoi et comment le lien entre changement climatique et santé est-il abordé dans ce rapport ?


1) Parce que les pandémies comme celle du Covid-19 peuvent être en partie liées à des perturbations écologiques causées par les activités humaines, et que ces activités sont aussi par ailleurs des causes du changement climatique

- Depuis plusieurs années, la communauté scientifique a montré des liens entre pandémies et crise environnementales. Dans son rapport adopté par les États membres en mai 2019 à Paris, la plateforme intergouvernementale pour la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) rappelle que « les zoonoses représentent une menace sérieuse pour la santé humaine [...].Les maladies infectieuses émergentes chez les espèces sauvages, les animaux domestiques, les plantes ou les populations humaines peuvent être amplifiées par des activités humaines telles que le défrichement et la fragmentation des habitats [...] ».

2) Parce que tout en émettant des Gaz à Effet de Serre (GES) dans l'atmosphère, la combustion des énergies fossiles a des conséquences sur la santé humaine

- Les émissions de polluants atmosphériques, dont certains agissent également sur le climat, ont de forts impacts sur la santé publique. Les émissions liées à la combustion des énergies fossiles sont responsables d’environ 65 % de la surmortalité due à la pollution de l’air, touchant 3,6 millions de personnes par an, en premier lieu par des maladies affectant cœur, poumons et voies respiratoires.

3) Parce qu'il est maintenant nécessaire de se préparer à faire face à des crises sanitaires avec en toile de fond le changement climatique

- La crise du COVID-19 invite à repenser l’articulation des impacts du changement climatique et la possibilité d’autres crises, notamment sanitaires. La conjonction d’un épisode de pandémie et d’un événement climatique extrême – sécheresse, inondation centennale, canicule, cyclone de très forte intensité pour la France d’outre-mer, submersion côtière – ne relève plus d’une hypothèse d’école.

4) Parce que dans le cas des crises climatiques comme dans celui des crises sanitaires, il faut être prêt

La crise du COVID-19 rappelle l’importance de mettre en œuvre les actions essentielles listées par le cadre de Sendaï pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030), encadré par ses quatre priorités :

comprendre les risques de catastrophes ;
renforcer leur gouvernance pour les gérer ;
investir dans leur réduction aux fins de résilience ;
renforcer l’état de préparation aux risques de catastrophes pour intervenir de manière efficace et pour mieux reconstruire.
 

Pour en savoir plus au sujet du cadre de Sendaï 


5) Parce que la crise du Covid-19 révèle des inégalités qui resurgiront dans un contexte de crise climatique

- La crise met en relief les vulnérabilités structurelles, liées aux inégalités de revenu et de conditions de vie, que l’on retrouvera dans les épreuves sanitaires comme climatiques ; celles liées à la société de consommation (fragilité des approvisionnements et de la distribution), celles propres à certains populations ou territoires à la croisée des crises sanitaires et environnementales (quartiers populaires à la périphérie des grandes villes ; territoires ruraux ; outre-mer) ; les vulnérabilités intergénérationnelles encore – l’exposition des plus âgés – et de genre.

 Exposition des populations aux risques climatiques,
d'après l'indicateur mis au point par l'ONERC (Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique)
 



6) Parce qu'il est possible d'encourager des modes de vie qui vont dans le bon sens à la fois pour une meilleure santé et la lutte contre le changement climatique

- Prévenir les risques climatiques ET les risques pour la santé en renforçant les synergies (réduction de la pollution de l’air, lutte contre la déforestation liée aux importations de bois, renforcement des aires protégées, réduction de la consommation et de l’importation de produits animaux et en développant les politiques de prévention. Inspirer, soutenir, accompagner les changements de comportements et de modes de vie vers plus de sobriété : développement des modes de transports quotidiens doux et des infrastructures associées ; extension des possibilités et des pratiques de télétravail.

Ce rapport "Climat, santé : mieux prévenir, mieux guérir" n'est donc pas un document qui développe les liens entre le changement climatique et la santé.

Pour en savoir plus à ce sujet, quelques ressources :

  •  ressources du côté de l'ANSES
  •  ressources sur le site du Ministère de la transition écologique et solidaire
  •  un document de 2007 très complet, publié par l'ONERC** :
 

En téléchargement ici :

le rapport de l'ONERC sur

les risques sanitaires liés au

changement climatique

 


* : Le Haut conseil pour le climat (HCC) a été installé le 27 novembre 2018 et inscrit dans la loi n°2019-1147 du 8 novembre 2019 relative à l’énergie et au climat. Cet organisme est chargé d'apporter des avis et des recommandations neutres,indépendantes et à long-terme pour accompagner la France dans la transition bas-carbone. Il est actuellement présidé par la climatologue franco-canadienne Corinne Le Quéré.

** : Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique.

 

  •  Le lien vers la page web du HCC consacrée au rapport "Climat, santé : mieux prévenir, mieux guérir" - avril 2020, 20 pages

Le lien vers le document téléchargeable dans les ressources de ce site

dimanche, 03 mai 2020 21:56

Bonjour à toutes et à tous, je vous souhaite la bienvenue sur mon blog d'information en Santé-Environnement. L'occasion de prendre un peu de recul dans ce contexte de crise du Covid-19 qui nous met tant à l'épreuve. Je vous recommande cette vidéo visible sur le site d'Arte : 

Epidémies : le rôle de l'environnement

A bientôt pour répondre à vos commentaires à ce sujet !

dimanche, 03 mai 2020 19:26

Multi-expositions, conditions de vie et santé : de la connaissance à l'action

La Société Francophone de Santé et Environnement (S.F.S.E.) co-organisera avec le Pôle Pollution Santé-Longévité son prochain congrès du 18 au 20 novembre 2020 à Lille.

 

Si certains travaux de recherche ont déjà pu s’intéresser à des cas de synergies ou d’antagonismes entre différents agents environnementaux ayant des effets sur notre santé, les effets sanitaires d’expositions à des mélanges, et plus généralement les effets d’expositions conjointes à différents facteurs environnementaux, demeurent globalement mal connus.

C’est pourquoi les recherches visant à améliorer la caractérisation d’effets d’expositions complexes, en particulier l’étude des mécanismes de toxicité, sont en plein développement. C’est en particulier à ces travaux que le 11éme congrès annuel de la SFSE proposera de s’intéresser.

 

En ce début du mois de mai nous en sommes à l’étape de l’appel à communications pour cet événement qui se triendra à Lille en novembre 2020.

 

Parmi les sujets d’intérêt prioritaires figure la comparaison des méthodes utilisées pour les évaluations de différents risques de natures chimiques, physiques ou microbiologiques. En cas de différences entre les résultats obtenus, la question des modalités d’intégration d’impacts estimés via ces différentes méthodes est posée.

Les méthodes de construction de valeurs toxicologiques de référence adaptées à la prise en compte des mélanges de substances chimiques méritent également d’être comparées, en distinguant les méthodes classiques et plus innovantes.

Les questions des choix des polluants réglementés ou non, des hypothèses et paramètres choisis, de l’influence possible de lobbies seront abordées dans l’optique de l’expertise en situation de multi-exposition.

Le cas des études de zones en évaluation de risques sera également abordé, parmi d’autres situations (ex : sites et sols pollués...) de même que les méthodes d’estimation des impacts sur la santé intégrant risques et protection liés à différentes expositions conjointes (ex : évaluations intégrées des impacts sur la santé)...

 

  • Lien vers le site de la SFSE, page du congrès
  • Lien vers le partenaire de la SFSE pour ce 11ème congrès, le pôle Pollution Santé Longévité de l’Institut Pasteur de Lille